Note : 4 sur 6
Le dernier album à date du parrain du punk se démarque par son côté cru, abrasif. Les sonorités, assez variées, flirtent tantôt avec le néo-métal, tantôt avec le rock alternatif, mais restent résolument tournées vers le passé : les années 90 et 00 surtout. Lors des premières écoutes, j’ai trouvé le disque plutôt falot, voire lassant par moments. Au fil du temps, j’ai développé une sensibilité pour l’univers que les onze pièces échafaudent de façon imperceptible et j’ai apprécié les paroles, laconiques, fragmentaires, désinvoltes et rapides. Derrière le décousu des textes, j’ai commencé à discerner une puissance suggestive qui m’a presque emballé, mais presque. Pièces préférées : Strung Out Johny, New Atlantis, Morning Show, Neo Punk, The Regency.
- Frenzy
Du punk rock un peu quelconque, mais énergique, aux accents néo-métal de la fin des années 1990. Musique simple, composition paresseuse, mais énergisante et efficace, qui se marie bien avec la furie évoquée par les paroles. Cette négligence de la composition et la désinvolture des paroles sont en fait un élément essentiel du charme d’Iggy Pop. N’oublions pas non plus que c’est un représentant de la génération pour laquelle le rock n’avait à être ni compliqué, ni original, juste puissant. Note : 4 sur 6
- Strung Out Johny
Une chanson sur la drogue. On sent l’influence forte de John Klinghoffer, qui est un ressort essentiel de l’album aux côtés d’autres membres de Red Hot Chili Peppers, de James Addiction, Pearl Jam, Foo Fighters, Guns’N’Roses, etc. Une musique entraînante qui laisse songeur. Note : 6 sur 6.
- New Atlantis
Iggy nous parle ici de Miami, sa ville de résidence. C’est une lettre d’amour à sa ville. En même temps, un amour ambigu, puisque la ville est décrite comme une « beautiful whore » qui ouvre ses bras aux criminels du monde entier qui peuvent s’y sentir eux-mêmes, mais qui est en train de s’enfoncer sous l’eau. Est-ce le récit allégorique de notre monde? Une réminiscence de Sodome et Gomorrhe? Une apologie du vice? Note : 6 sur 6.
- Modern Day Ripoff
Une pièce de rock assez traditionnel qui s’intégrerait fort bien au répertoire d’un groupe de bar. Les paroles évoquent une femme escroc, une chevalière d’industrie des temps modernes, qui serait aussi la prof de sadomasochisme du héros. Je n’y ai pas compris grand-chose, mais la sensation est rafraîchissante. Moqueur et chaleureux à la fois, ce morceau est somme toute agréable à écouter. Note : 3 de 6
- Morning Show
Beau slow touchant, chaleureux et triste, qui parle de l’écroulement des apparences, qui raconte l’éclatement du masque des vedettes, leur éclat éphémère, leur résilience trompeuse. Il parle aussi de la mort de son propre personnage, Iggy Pop, le pitre bien aimé du public. Il cache ses rides, avale son angoisse, se recompose une figure et s’en va, tout sourire, raconter son bien-être dans les plateaux du matin, « comme un pro ». Note : 6 de 6
- The News for Andy
Court récitatif qui est en fait un texte publicitaire. Cependant, l’objet de la publicité n’est rien d’autre qu’une clinique psychiatrique. Je ne suis pas sûr de l’intention de cet intermède : est-ce une blague, est-ce du sarcasme? Perplexe, je souris quand même en y pensant, ce qui justifie la note de 4 sur 6.
- Neo Punk
Portait satirique du punk contemporain : superficiel, fashionista, vendu aux apparences. Du punk, il ne garde que la revendication d’une culture alternative. La forme musicale est, sans surprise, celle d’un morceau punk du début de notre siècle, à la Sum 41, Green Day, Blink-182, etc. Ce n’est pas méchant, mais quand même assez incisif, ce qui me va droit au cœur, car je suis incisif moi-même. Note : 5 sur 6.
- All The Way Down
Composition indéfinissable, difficile à saisir. Il me fait penser, bizarrement, à Soundgarden. Les paroles disent le désenchantement, critiquent le monde qui nous entoure, le renversement des valeurs. Sans être remarquable, cette toune laisse une trace. Note : 4 de 6
- Comments
Le refrain de cette chanson ne laisse pas indifférent et rejoint un genre cher à Iggy Pop. Le reste de la pièce est difficile à cerner, tant musicalement que sur le plan des paroles. J’ai l’impression qu’il y parle des commentaires sur les médias sociaux, et qu’il les juxtapose au clinquant séducteur d’Hollywood, éternel symbole de la futilité américaine des deux derniers siècles. Note : 5 de 6
- My Animus
Autre intermède qui me laisse incertain quant au sens à lui attribuer. Ce court passage parlé s’apparente à une menace. Iggy nous dit qu’il n’est pas un homme de paille ni une image cinématographique. Il est un être de terreur, un esprit fort et autonome, capable de vaincre le système… la « régence », dont il sera question dans la chanson suivante. Note : 4 sur 6
- The Regency
Ambiance complexe, riche en nuances, aux allures un peu dystopiques. Des espaces réfrigérés et cependant habités d’un entrain allègre à la Foo Fighters, mais aussi d’une sombre résolution née d’un ras-le-bol de vielle date : la résolution de défaire le système, qui prend ici le nom de « régence ». Curieuse façon de désigner la figure de la matrice, qui se voit ici attribuer des dimensions spirituelles et religieuses : c’est le règne du Malin. La régence est par définition un régime de gouvernance par procuration, au nom d’un souverain jugé encore inapte à exercer son pouvoir. Le souverain dans cette allégorie, c’est sûrement l’Humain, les humains, le peuple. Une chanson anarchiste. Note : 6 de 6

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